Photo de JR KORPA
Comme promis, voici le retour sur mon expérience littéraire de l’année passée et compte tenu de la longueur de ce bilan, je vous le présenterai en deux parties. Cet article reviendra donc longuement sur le Projet Bradbury et j’espère aussi qu’il pourra éventuellement servir de guide pratique à tous les aspirants écrivains qui souhaitent se jeter dans l’aventure.
« L’Écriture ? Pour dire vrai, j’étais loin d’imaginer que j’y consacrerai un jour l’essentiel de mon temps libre. »
PREMIERS PAS
À la fin du primaire, j’écrivais déjà de courtes histoires sur mes cahiers d’écoliers. Des histoires loin de faire dans l’original, c’était plutôt, si je m’en souviens bien, de purs plagiats des dessins animés, films et bandes dessinées que je dévorais à l’époque. J’ai malheureusement égaré ces cahiers et je n’ai donc que de lointains souvenirs de tout cela mais je peux, sans me tromper, dater mes premiers écrits de cette période.
Quelques années plus tard, vers 14 ans, je commence à sérieusement à m’intéresser au cinéma et je plonge tout habillé dedans. Mais, étrangement, l’écriture de scénario n’est pas ce qui m’intéresse le plus. Bien au contraire, l’exercice me rebute et je déteste d’emblée la forme figée imposé par ce document de travail pourtant indispensable pour réaliser un film.
Je vais pourtant réaliser un grand nombre de films mais qui auront la particularité d’avoir le même problème de fond : le scénario !
À la même époque, je deviens bassiste dans de multiples groupes à tendance punk rock et je me mets très vite à écrire mes premières chansons. Bien que peu sensible à la poésie, je découvre un format d’écriture qui me plait beaucoup et au final j’ai bien dû écrire une cinquantaine de chansons, avec plus ou moins de talent !
Les années ont ensuite filé comme des météores où je n’écrivais que sporadiquement (des chansons, des scénarii, des essais de tous genres, des bouts de nouvelles et de romans). Pour dire vrai, j’étais loin d’imaginer que j’y consacrerai un jour l’essentiel de mon temps libre.
Début 2013, je quitte enfin Paris et tout ce que j’y faisais : les films et dans une moindre mesure la musique. Lorsque je m’installe en Ardèche, je me retrouve sans équipe à proximité. De fait, en 2015, je me lance un défi particulier qui consiste à réaliser un film tout seul. L’expérience est amusante, mais je ne la réitère pas. Si je dois travaillais seul, autant trouver quelque chose de moins compliquer. Je profite de la quiétude du nouvel environnement qui est le mien désormais pour commencer à m’intéresser sérieusement à l’écriture.
RECHERCHE DE LA BOITE À OUTILS
De fil en aiguille, je commence à rédiger quelques nouvelles que je termine enfin, mais l’expérience n’est pas vraiment concluante. Les thèmes abordés sont assez sommaires et mon style laisse franchement à désirer. C’est vraiment amateur mais je persévère.
Pour progresser, il me faut trouver une ou des méthodes pour vraiment apprendre à écrire. Je lis alors un tas de bouquins sur le sujet. D’abord, je parcours différents guides, mais rien ne me cause. Je les trouve souvent superficiels et franchement peu intéressants. C’est alors que je tombe sur trois ouvrages, écrits par des écrivains, et qui vont me servir de bible :
Je les ai lus et relus, et les relis encore. Je vous les conseille les yeux fermés ! Ces trois livres constituent à mon sens la « boite à outils » idéale pour débuter.
J’ai ensuite passé pas mal de temps à surfer et je suis tombé sur à peu près tout et n’importe quoi ! J’ai d’ailleurs été particulièrement surpris par ces innombrables pseudos écrivains qui prodiguent des conseils d’écriture à tour de bras sans écrire eux-mêmes ! Mais c’est une autre histoire.
En tous cas, c’est par ce biais, que de fil en aiguille, j’ai fait la connaissance de ces diffèrents projets d’écriture créatrice que sont le NaNoWriMo, le Projet Bradbury, les appels à textes et autres concours littéraires.
SE METTRE À ÉCRIRE
Compte tenu d’un emploi du temps plutôt chargé, je décide, en 2017, de me lancer dans l’aventure du Nanowrimo qui consiste à écrire un roman de 50 000 mots au minimum, et cela, durant le mois de novembre. Et je dois dire que je n’ai pas été déçu du voyage !
Je n’avais aucune idée de la faisabilité d’un tel challenge et je n’ai pas été plus étonné que ça d’échouer à atteindre l’objectif. Toutefois, je parviens à écrire un peu plus de 30 000 mots, de loin un record pour moi à l’époque.
Malgré cet échec, je suis bien conscient d’avoir franchi une première étape, mais l’année 2018 ayant été particulièrement compliqué au niveau professionnel, j’en reste là et retrouve mon cahier d’écriture qu’en novembre de cette année-là afin de me lancer dans mon second Nano. Cette fois, j’atteins l’objectif avec l’écriture d’un roman intitulé « Chronique d’une vie de merde » et 50 011 (!) mots au compteur. Pas peu fier, cela me permet de me lancer dans l’écriture de petites nouvelles, que je ne publie pas, mais qui me permettent de sentir que je progresse tout de même. Toutefois, je suis loin d’être régulier et très vite le quotidien reprend le dessus et il faut que j’attende à nouveau novembre 2019 pour me remettre à écrire avec un troisième Nano.
Alors que je ponds mes quasi 2000 mots par jour, je commence à ressentir une sorte de lassitude et une certaine vacuité à cette espèce d’écriture automatique (faut pas se leurrer, lors de ce challenge, on n’a pas bien le temps de faire dans la finesse). Alors que j’en suis à la moitié du Nano, je repense alors au projet Bradbury quand je découvre le site de SAID, qui comme Neil Jomunsi, quelques années plus tôt, vient de terminer son marathon de l’année. Je pense alors sérieusement à cette formule qui me paraît être l’idéal pour apprendre le métier d’écrivain.
LE PROJET BRADBURY : Qu’est-ce que c’est ?
Au départ, il s’agit d’une injonction ou plutôt d’un conseil adressé à tous les aspirants écrivains. En 2001, lors d’une conférence, Ray Brabdury, célèbre écrivain de science-fiction (Fahrenheit 451, Chroniques martiennes, la foire des ténèbres…) émet l’idée suivante :
« Écrire un roman, c’est compliqué : vous pouvez passer un an, peut-être plus, sur quelque chose qui, au final, sera raté. Écrivez des histoires courtes, une par semaine. Ainsi vous apprendrez votre métier d’écrivain. Au bout d’un an, vous aurez la joie d’avoir accompli quelque chose : vous aurez entre les mains 52 histoires courtes. Et je vous mets au défi d’en écrire 52 mauvaises. C’est impossible. »
Si l’on veut faire court, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une méthode, comme une autre, pour apprendre à écrire. Comme il existe le NaNoWriMo, le 48h Script Lab et autres marathons littéraires.
Alors quel est l’intérêt du Projet Bradbury par rapport aux autres ?
À vrai dire, la réponse est assez personnelle et dépend fortement de votre motivation. Certains préfèrent écrire un maximum sur un temps court ( Nano ) tandis que d’autres ont besoin de plus de régularité et sur un temps plus long. Ce qui est mon cas.
Bien se préparer
Que l’on se le dise, sans préparation, point de salut. Un marathon pareil ne s’improvise pas. D’ailleurs beaucoup ont essayé et beaucoup ont échoué.
Honnêtement, au départ, je doutais même que je puisse parvenir à écrire ne serait-ce que 5 nouvelles d’affilée. Je me disais que ce challenge que je m’imposais était une véritable bravade et que je me prendrais bien assez tôt les pieds dans le tapis.
Alors, pour mettre toutes les chances de mon côté, j’ai dû préparer un peu le terrain. J’ai d’abord longuement réfléchi à la façon dont j’allais m’organiser et donc répondre à un certain nombre de questions :
Dans mon planning hebdomadaire, comment trouver le temps pour l’écriture d’une nouvelle, sa correction et sa publication ? En ce qui me concerne, je travaille à plein temps, j’ai trois enfants (même s’ils sont grands, ça reste du job) et accessoirement j’habite une maison au milieu de nulle part (donc réparations diverses, maintenance et j’en passe).
Je m’arrête un instant sur cet aspect, qui est crucial. Car si vous ne réfléchissez pas attentivement à cet aspect, vous irez droit dans le mur et au bout de trois nouvelles, vous arrêterez. Car, quelle que soit la méthode utilisée, le Projet Bradbury se révèle particulièrement CHRONOPHAGE !
Que se l’on dise et qu’on se le répète. C’est un vrai choix à faire et surtout un choix qui dure (une année, ce n’est pas rien comme durée). Personnellement, avoir fait ce choix m’a conduit à faire l’impasse sur un certain nombre de projets, notamment quelques travaux envisagés pour l’amélioration de ma maison.
Et si vous ne vivez pas seul, mieux vaut en parler à son entourage et obtenir à minima leur assentiment !
Au strict minimum (mais ça je ne l’ai su que pendant le marathon), vous ne pouvez pas consacrer moins de l’équivalent de deux journées à la rédaction de votre nouvel hebdomadaire.
Personnellement, je n’ai jamais tenté le diable. Très tôt, je me suis aperçu que la moitié voire mon dimanche dans sa totalité était consacré à la mise en page, aux dernières corrections et à la publication de la nouvelle. Faire moins aurait été suicidaire.
SE FIXER UNE DATE, S’ORGANISER
Fin novembre 2019, je parviens pour la seconde fois à atteindre l’objectif du Nano avec « Au pays des carapaces de tortues » et ses 50 039 mots. Je laisse reposer une bonne semaine et je relis ce second roman d’une traite. Cela me confirme que le nano, s’il reste un défi que je conseille malgré tout, pêche par son aspect quantitatif au détriment de la qualité.
Dans ma tête, le projet Bradbury fait des allers et venues. Les choses s’éclaircissent peu à peu et prenant mon courage à deux mains, je décide de lancer le top départ de mon propre Bradbury au 1er janvier 2020, ce qui me laisse donc un petit mois pour m’organiser.
Durant le mois de décembre, je m’attelle à créer un site qui sera, au départ, dédié à ce projet et influencé par l’expérience de SAID, décide de publier les nouvelles sur Smashwords, qui permet de distribuer gratuitement ses nouvelles sur des dizaines de plateformes différentes. ( Je vous renvois à un court article que j’avais écris à l’époque sur la publication sur Smashwords ).
Dans le même temps, je commence à organiser le Bradbury à proprement parler. Après réflexion sur le temps que je peux y consacrer, je découpe la semaine selon le schéma suivant :
- Jour 1 : recherche de l’idée
- Jour 2 : écriture
- Jour 3 : réalisation de la couverture
- Jour 4 : écriture
- Jour 5 : relecture et correction
- Jour 6 : exportation et peaufinage couverture
- Jour 7 : publication
Compte tenu de mon emploi du temps, je décide très vite que le jour de publication sera le dimanche.
Ce schéma, si je le respecte à peu près durant les premières semaines, va se retrouver totalement chambouler avec le premier confinement, mais je reviendrai sur cet aspect dans la seconde partie.
Durant la seconde quinzaine de décembre, je commence à lister un certain nombre d’idées et de thématiques. Il était important pour moi de dresser cette liste pour essayer de visualiser un peu le type d’histoires que j’avais envie de raconter. Et cela s’est d’ailleurs révélé d’une aide précieuse, surtout dans les moments (assez fréquents) de panne d’inspiration. Malgré le temps que j’y ai consacré, je ne suis parvenu à trouver 52 idées. Une vingtaine tout au plus, mais cela était suffisant pour me lancer.
Une fois cette liste en poche, j’ai créé un dossier spécial pour le projet avec un tableau, des dossiers préalables pour chaque nouvelle comportant lui-même deux sous-dossiers (un consacré au texte, l’autre au visuel).
À propos du visuel, c’est une option que je me suis rajoutée, car je souhaitais publier les nouvelles au fil des semaines et je ne souhaitais pas me contenter d’un simple PDF. Je précise qu’il ne s’agit pas là d’une obligation pour réaliser son Bradbury. Mais honnêtement, ce n’est pas la partie qui m’a demandé le plus de temps et cela n’a jamais été une contrainte.
Fin décembre, je m’aperçois que je ne serais pas dans les temps pour démarrer au premier janvier, qui, de plus, tombe un mercredi et ne correspond donc pas à ma décision de publier le dimanche. Qu’à cela ne tienne, je repousse donc de quelques jours.
Le 5 janvier, je lance officiellement sur le site le top départ du projet. Et m’attelle à la rédaction de la première nouvelle dès le lendemain.
Mon Projet Bradbury est lancé !
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Photo de Stanley Dai sur Unsplash
Intéressant tout ça !
Très intéressant et encourageant. Merci