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Cela fait des années que je sais pertinemment que les étés sont longs, intenses et me laissent rarement un moment de répit. Je le sais ! Sauf que cette année, j’ai décidé de relever le challenge du Projet Bradbury et que malgré la difficulté, j’ai décidé de tenir coûte que coûte.

Et franchement, cela a été particulièrement fastidieux ! Si fin juin a été suffisamment calme pour que je puisse rédiger une de mes plus longues nouvelles ( 6000 mots ), la suite a montré les limites de l’écriture à l’arrache. Retour en arrière.

Pour la petite histoire, « Concerto pour des ratés » a spécialement été écrit pour servir de scénario. Et c’est en cela que je trouve la nouvelle particulièrement intéressante car, production limitée oblige, j’ai dû m’éloigner de mes thèmes de prédilection et principalement de la science fiction en général. Certes j’aurais pu écrire un scénario sans effet spéciaux mais ce type d’histoire ne s’écrit pas facilement en 7 jours ! Bref, je me suis donc lançé dans sorte de polar à l’ancienne et j’avoue m’être bien marré à l’écrire. Il est évident que je reviendrais à ce type d’écriture plus tard quand le Bradbury sera terminé. Cette nouvelle a donc servi de base à un scénario qui a été tourné début août. Le film est actuellement en montage et j’espère pouvoir le diffuser début de l’année prochaine. J’en reparlerai très prochainement !

A partir de « La singularité« , l’été part en sucette et les nouvelles avec. Pourtant l’idée de ce récit me trottine dans la tête depuis un long moment. Je voulais explorer la notion d’écoulement du temps en mélangeant petite et grande histoire. Malheureusement, j’ai du me contenter d’une toute petite histoire ! Rédigé à la va comme je te pousse, je n’ai jamais réussi à trouver plus de 15 minutes à chaque fois pour écrire mon texte d’où un manque flagrant de fluidité et surtout de cohésion. Pour combler le tout, j’ai une fois de plus imaginer une fin qui n’avait rien à voir avec ce que j’avais prévu. Autant que je commençais à prendre une bonne vitesse de croisière, autant là, j’ai bien senti les remous du périple. Et c’est à partir de ce moment là que je me dis que l’été va être long …

Comme je vois bien que cela va être difficile de consacrer un tant soit peu de temps à l’écriture, j’utilise toutes les ficelles qui sont à ma portée. Pour « Le désert du monde « , je reprends en hyper condensé le canevas d’un roman que j’avais écrit l’an passé. Mais je suis en mode automatique et le temps m’est vraiment compté. J’en suis à un point ou je suis obligé de rogner sur mon temps de sommeil pour parvenir à m’acquitter de mes différentes tâches ( Et oui ! Je ne fais pas qu’écrire ! ). Au final, je me rappelle à peine avoir écrit cette nouvelle. Par contre, je me souviens bien de quelques retours que l’on peut résumer en un seul :  » Bon, faut que je la relise … parce que rien compris à la 1ère lecture« . Voilà, ça, c’est dit !

Alors curieusement  » La chanson du Long hiver  » ne semble pas souffrir des mêmes défauts que les deux précédentes et pourtant je n’ai pas eu plus de temps pour la rédiger. Mais comme je savais que ma fenêtre était trés étroite, j’ai quasiment écrit la nouvelle d’une traite et du coup, cela m’a permis, contrairement aux autres, de pouvoir consacrer un temps plus important à la correction. Par ailleurs, je continue d’explorer des thèmes dans lesquels je me sens de plus en plus à l’aise. Pour la petite histoire, et ça aide grandement à la rédaction,  » La chanson du Long Hiver » appartient au même monde que  » Segment de vie après la chute  » ou encore  » Beau temps mais orageux en fin de journée« . Il y a d’ailleurs de fortes chances que mon premier roman explore et développe le contenu de ces différentes nouvelles. Mais nous n’en sommes pas là !

Nous sommes fin juillet et le temps se rétrécit à tel point que les deux nouvelles qui vont suivre sont les plus courtes que je n’ai jamais écrite.  » Artefact en Do quantique » ne fait que 1500 mots ! Et  » La disparition » dépasse à peine les 1300. Mais comme on dit, ce n’est pas la longueur qui fait la qualité. Pour « Artefact« , je dois dire, que sachant que je n’aurai absolument pas le temps de développer quoi que ce soit, je me suis offert une sorte de sucre d’orge. Un petit plaisir de rédaction sur une idée toute simple ( enfin, façon de parler ! ). Il est évident que je reprendrais cette nouvelle quand j’aurai le loisir de pouvoir la développer tant j’aime beaucoup certains détails. A l’origine d’ailleurs, ce récit appartenait lui aussi à la même timeline que la précédente mais pour éviter une articulation trop alambiquée, j’ai momentanèment abandonné l’idée.

Alors là, j’ai dû ruser comme jamais ! Cette semaine là, précisément du 3 au 9 août, fut consacré au tournage de « Concerto pour des ratés« . Autant vous dire que je n’avais pas une minute à consacrer à l’écriture. Le tournage ayant été particulièrement intense, mon cerveau n’était absolument pas disponible pour quoi que ce soit d’autre. Alors j’ai décidé de tricher un peu. J’ai fouillé dans mes vieux textes et j’ai repris l’ossature de l’un d’eux. Il m’a fallu tout de même réecrire l’ensemble du texte mais je n’ai pas vraiment écrit quelque chose de nouveau. Je dirai que c’est le style qui m’a permis de sortir ce récit des limbes pour en faire quelque chose de plus lisible. Nouvelle la plus courte depuis le début du projet mais nouvelle quand même ! Et quand j’ai publié celle-ci, je savais que j’atteignais enfin le terme de mon speed estival.

Avec « A la dérive« , je reprends peu à peu mon rythme normal et rédige ma nouvelle la plus longue depuis  » Concerto pour des ratés« . Sans trop savoir pourquoi ni comment, je me suis retrouvé embarqué dans cette histoire d’exploration spatiale un peu particulière et je dois dire que cela m’a bien amusé. C’est finalement un aspect de la SF que j’explore peu ( c’est la deuxième en 32 nouvelles ) et dans lequel je commence à me sentir poussé des ailes. Nous verrons si je transforme l’essai dans ce domaine. toutefois j’ai rencontré une sacré difficulté avec ce récit. En effet, j’aborde certains aspects scientifiques et je dois reconnaître, que par manque de temps ( toujours ! ), j’y suis allé un peu au flan ! Donc désolé pour les puristes, je ferai mieux la prochaine fois !

Avec cette nouvelle, je retrouve enfin le plaisir d’écrire. Non pas que je ne me sois pas éclaté avec les précédentes mais en retrouvant un rythme quotidien plus détendu, j’ai pu retrouver l’ambiance sereine des premières nouvelles. Pour ce qui est de l’intrigue, elle m’est venu d’un flash sur le fait que c’était la 33ème nouvelle que je devais écrire. 33 ? Soi-disant l’âge du Christ quand il est mort. Et c’est parti comme ça ! Je me suis donc juste demandé ce qui avait bien pu se passer entre la crucifixion et sa résurrection, trois jours plus tard. Evidemment, nous sommes bien loin des Évangiles mais je dois reconnaître que  » D’entre les morts » fut bien étrange à écrire mais cela m’a permis d’aborder ces thèmes si peu familiers chez moi. Comme quoi, tous les chemins sont bons pour écrire !

Rentrée oblige, j’ai dû freiner mon ardeur pour me lancer à corps perdu dans ce nouveau récit. J’ai donc décidé trés tôt de l’écrire en deux parties. Parce qu’à vrai dire, je commence à ressentir une certaine lassitude et une frustration aussi à quitter les mondes que je viens à peine d’esquisser. Je profite de ce moment charnière qu’est cette nouvelle rentrée pour prolonger le plaisir que j’ai pris à décrire ce nouveau monde. Toutefois, je suis conscient de la limite de cet exercice dans le cadre du Projet Bradbury et je pense que ce sera la dernière fois que j’utilise cet artifice. Quant au récit, je ne peux pas trop en dire sous peine de vendre la mèche. Je profiterai du prochain bilan pour m’exprimer sur « Warkawater« .

Pour conclure, je voudrais aborder deux aspects du projet. Le premier concerne l’aspect graphique des couvertures : après avoir tatonné, en fonction des histoires et de ce que cela m’évoquait, j’ai découvert le travail de JR Korpa. Un travail qui me fascine et que je trouve suffisamment abstrait pour prêter à chacune de ses oeuvres l’intention que l’on veut. C’est ainsi que depuis bientôt une vingtaine de nouvelles, à de rares exceptions près, je puise dans le repertoire graphique de JR. Ce qui donne une certaine unité et une meilleure cohérence visuelle entre les nouvelles. Et j’aimerai vraiment utiliser une de ces oeuvres pour les recueils que je ne manquerai de publier une fois le Projet terminé. J’y reviendrai !

Le second aspect concerne le off du Projet. Je ne suis, bien entendu, pas encore arrivé au bout mais, suite à certaines sollicitations, j’ai décidé d’écrire de façon plus approfondi sur les raisons qui peuvent pousser à relever un challenge pareil mais aussi ce qui se passe pendant. C’est d’autant plus pertinent de le faire maintenant car je suis vraiment plongé dedans. Faut juste que je trouve un petit temps supplémentaire pour cela !!!

 

 Illustration : JR Korpa